lundi 15 décembre 2008

Atelier 2 : Avenir des Lycées

Les Lycées : Avenir et devenir au vu de la nouvelle réforme ?

De très nombreux participants étaient présents dans cet atelier :
Parents d'élèves,
Professeurs de Lycée,
Professeurs de Lycée professionnel,
Délégué des parents d'élèves,
Etudiants
Stagiaires IUFM
Représentant syndical,
Enseignant IUFM

3 grands axes ont été développés:
1) La classe de seconde est chamboulée (+ de problèmes que de solutions)
Perte de la culture, de la curiosité, de l'esprit d'analyse (dans la droite ligne des changements de l'école primaire)
2) La réforme des Lycées professionnels avec la suppression des BEP et la réduction d’une année d’étude pour préparer le BAC PRO !
3) Quelle façon de procéder !

1) Réforme des secondes
Suite au rapport JP de Gaudemar des « points de convergence » ont été signés et sous le couvert de ce blanc-seing la réforme Darcos se déploie sans rapport avec l'idée des déclarations d'intention.
On nous parlait de l'harmonisation du lycée, de passerelles, de souplesse, de travail sur le suivi rigoureux des élèves et sur les modalités d’évaluation pour la meilleure réussite de chacun.
Un dispositif qui permettrait d’atteindre les 50% de diplômés au niveau licence (selon référence Union Européenne)
Quand la réforme Darcos nous parle en seconde : de semestrialisation et de modules (humanités, sciences, sciences de la société) et juxtapose des tranches horaires : dans quels buts ? Avec quelle cohérence ? Réponse à la curiosité des élèves ? Meilleure approche du monde réel actuel ? Ou simplement économies drastiques ?
Cette maquette pédagogique de la « 2e Darcos » chamboule l’existant sans garantie ni de résultats, ni de sérieux : à l’analyse elle s’avère bien inquiétante.
Les 30 heures affichées en tête masquent mal la misère qu’elles cachent : qu’on la prenne dans tous les sens : le compte n’y est pas !
- 21 heures de tronc commun pour 6 blocs disciplinaires dont les Sciences économiques et sociales sont exclues et qui représentent une dizaine de matières, soit une moyenne d’environ 2 heures annuelles par matière enseignée : c’est bien peu !
- Hélas les compléments modulaires ne nous rassurent pas : organisés en semestre, en quatre très grands champs scientifiques pour 2 à 4 modules de 3 heures sur l’année avec changement à mi-parcours… Ces modules couvrent tellement de domaines distincts en si peu de temps, qu’ils s’apparentent davantage à une vague information-initiation qu’à un véritable enseignement : adieu la filière SES prisée des lycéens !
Quelles règles régiront les choix des élèves ? Pour quelle classe de 1ere, de Terminale ? Quel BAC ? Cette réforme marche à vue… dans le brouillard. Peut-on laisser Darcos se servir des élèves actuellement en 3eme de collège comme cobaye à la prochaine rentrée pour respecter sa hâte à réformer?
- qui peut croire dès lors au sérieux de cet « accompagnement personnalisé » qui représenterait 10% de la formation (juste ce qu’il faut pour que l’horaire global soit décent ) dans un contexte budgétaire en chute libre et alors que, dans le même temps, Darcos nie le caractère spécifiques des compétences de l’enseignant et revient à la dimension purement disciplinaire de leur formation en fermant les IUFM : haut lieu de la « professionnalisation » du métier d’enseignant !
Sans moyens, ni formation pertinente des enseignants, cet « accompagnement » est voué à l’échec ou à … l’externalisation

2 ) Réforme des LP
Qu'est ce qui va changer en Lycée Professionnel ?
… en un mot suppression du BEP … et des postes…
Rappelons-nous que l'objectif de supprimer 13500 postes est surtout axé sur le lycée professionnel.
N'oublions pas que l'expérimentation du Bac Pro en 3 ans (au lieu de CAP sur 2 ans puis BEP sur 2 ans) n'était pas concluante. Un rapport de l'Inspection Générale d'octobre 2007 conclut que cela ne marche pas. Le Recteur de l'académie de la Réunion l'a quand même généralisé. Le programme de transition a été mis en œuvre sans évaluation.
Le BEP ne survit que sous forme d'une « certification intermédiaire » en CCF (Contrôle en Cours de Formation), donc sans examen, en cas d'échec au Bac Pro.
La encore ne s’agit il pas pour le ministre de faire des économies contre toute rationalité, notons qu’en supprimant une année de Bac Pro (tout en conservant le même programme), on économise 1000 heures d'enseignement : les élèves en difficulté avaient besoin qu'on accélère le rythme en plus!
Les restrictions budgétaires en termes de postes attestent la programmation d’un sacrifice à grande échelle. Toute une catégorie d’élèves, qui trouvait dans la préparation d’un BAC PRO en 4 ans, un rythme adapté et pensé pour sa réussite, va être laissée pour compte du nouveau LP, et avec elle l’aspiration légitime des familles à l’éducation et à la reconnaissance sociale pour leurs enfants.
Avec ce dispositif, qui ne prend en considération ni le rejet du projet par le Conseil Supérieur de l’Education, ni l’expérience des acteurs du système : inspecteurs, enseignants, associations, parents d’élèves.

Par ailleurs, les étudiants en formation CPE ont fait part de leur inquiétude : ils craignent le retour du « Surgé » d’autrefois, ce qui ne correspond en aucune façon à leur vocation pour le métier !

3 ) Question de méthode
La méthode Darcos : parvenir à un consensus de façade (les « points de convergence ») avant de sortir son projet sans plus avoir besoin de concertations … pour l’appliquer dans la précipitation.

De calomnies en propos désobligeants Darcos étale son mépris des enseignants. D’emblée cette attitude en dit long sur l’état d’esprit dans lequel il mène sa réforme.
Au-delà du flou des contenus, de la radicale divergence des points de vue, la précipitation n’est pas de mise! Nous ne pouvons l’accepter, le lycée mérite que l’on prenne le temps d’une réelle concertation pour être réformé !

Quelle est la lisibilité de ces changements
pour les parents
pour les enfants
pour les employeurs ?


Parlons également de l'annualisation des services : on mesurera dorénavant le travail de l'enseignant à un nombre global d'heures à faire dans l'année : 768 heures soit 2 semestres de 18 semaines.
Quel est le sens donné à une telle mesure qui posera des problèmes en cas d'arrêt maladie puisqu'il faudra reporter les heures, alors que les emplois du temps des élèves sont et seront encore plus chargés ? Quel bénéfice pour les destinataires des enseignements ? (pour l'Etat.. c'est une autre histoire)

Face à ces interrogations quelles solutions ?
L’atelier s’est dans un second temps efforcé de se faire force de propositions.

Ouvrir de toute urgence (puisque le rythme est imposé par le ministre) un chantier de concertation et de réflexion : « quelle école pour la République demain ? »
Pour le ministre, le planning est déjà imposé jusqu'en 2011 !
Informer, communiquer avec les parents, les élus, les collègues, afin de faire prendre conscience de l'ampleur du travail de sape déjà mis en œuvre.
Consulter les collègues non présents ici et faire remonter un projet
Demande d’audience auprès des différentes collectivités territoriales pour que nos élus portent nos revendications au niveau national.

Proposer de nouvelles modalités de luttes
Evitons peut-être le recours à la grève comme d'habitude. La gravité de la situation impose qu'on ne casse pas plus l'enseignement fait aux élèves. D'autres actions sont possibles comme par exemple :
des journées d'informations : AG , Portes ouvertes, réunion parents professeurs …
la cessation de la notation chiffrée au profit de lettres A, B, C, D, comme le fait l'enseignement agricole pour bloquer le système et manifester son désaccord
rédiger des tracts d'informations à l’adresse du plus large public à propos du danger pédagogique encouru

En guise de conclusion, et pour reprendre Victor Hugo : « Ouvrez des écoles, vous fermerez des prisons »
… encore qu'on ouvre la nouvelle prison de Domenjod ces jours-ci...

Résumons en un mot le contenu de notre atelier-débat : NON !

Refus total de cette réforme dans sa forme actuelle (à cause de la méthode et de la finalité, danger des modules et de la semestrialisation, « ouverture d'esprit ...»)
Certes le système doit être réformé, mais par un travail en concertation.
Nous réclamons de façon forte une concertation des parents d'élèves, des lycéens, des syndicats, des enseignants pour aboutir à une réelle expression des besoins.

Mais le temps manque aujourd'hui pour discuter des propositions. A quand la suite ?

Actions directes sur ce chantier :

Communiquer
Rencontrer les parents
Rencontrer la presse
Rencontrer les élus
Utiliser la désobéissance civile.

1 commentaire:

  1. Quelles couches conseiller à Darcos pour protéger ses fesses avant qu'il ne se fasse botter par les lycéens en colère !

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