lundi 15 décembre 2008

Conclusion

Clôture du forum,
par Richard Topczynski


Mes chers camarades,

Au cours de ce forum de l’IUFM de la Réunion, nous avons, ensemble, tenté de nous y retrouver dans cette nébuleuse de réformes imposées par le haut, tous azimuts et souvent, comme une fusée…à plusieurs étages.
Nous avons débattu, interrogé le devenir de l’Education Nationale, qui nous est chère et à laquelle nous sommes dévoués.
Malgré la richesse de nos échanges, je ne saurais conclure ici, tant il est vrai que ce vaste chantier… de démolition, garde bien des zones obscures, pour l’heure inaccessibles, des aspects inavoués et sans doute inavouables.

Aussi, pour clôturer nos débats, je vais simplement résumer nos points de convergence :

1. OUI, nous sommes d’accord pour une réforme visant à améliorer la qualité de notre service public d’éducation ; mais pas pour une réforme qui parte d’un postulat de réduction systématique de la quantité d’éducation. : couper... couper...couper… et prétendre faire mieux avec beaucoup moins. Non, merci.

2. OUI, nous aussi sommes soucieux des performances du système public d’éducation, nous souscrivons au projet d’une école ambitieuse et efficace dans la lutte contre l’échec scolaire, l’exclusion et pour la réduction des inégalités sociales dans l’accès à notre patrimoine culturel commun ; mais une réforme qui casse : les RASED, le préélémentaire, les cycles d’enseignement en lycée, lycée professionnel, IUT, qui casse l’IUFM et à terme l’ascenseur social que constituent les concours. Non merci !

3. OUI, nous adhérons à l’idée d’une réforme tournée vers l’avenir, dans un esprit visionnaire, qui place l’éducation au cœur d’un projet de société centrée sur l’homme et dans le respect de nos valeurs républicaines : mais vos projets motivés par cet esprit gestionnaire libéral, visant à transformer l’école en supermarché de la connaissance, où l’offre scolaire serait soumise aux lois de la concurrence, au « réalisme » internationalisé de type PISA. Non, ce sera sans nous !

4. Bien sûr, nous sommes prêts à nous investir pour une meilleure reconnaissance universitaire et une revalorisation de la formation des maîtres.
OUI à une formation de professeurs reconnue à un niveau Master 2, mais sans faire fi des travaux et compétences des acteurs de l’IUFM : ce formidable moteur d’idées et de professionnalisation du métier, que vous osez balayer d’un revers de « pédagogisme », méprisant et populiste. Vouloir nous concasser par un processus de mastérisation à marche forcée, sans cadrage national, sans prise en compte des spécificités disciplinaires, des acquis de la recherche, sans fléchage des moyens financiers et en personnels, sans logistique pour mettre en place les stages en responsabilité et autres… bref tout casser. Non merci !

5. OUI enfin à une réforme, mais dans le respect des personnes et des partenaires du système éducatif. Une réforme aux finalités clairement identifiées, faisant l’objet d’une réelle concertation et d’un suivi démocratique par les instances représentatives, tant dans son élaboration, que dans les modalités de son opérationnalisation. Mais non à des « points de convergence » alibis.

Mais de quelle nature sont donc les objectifs de Monsieur le Ministre ?

D’entrée, il apparaît clairement que l’objectif des réformes est de faire des économies, le premier mobile semble être d’ordre pécunier : l’EN grève la majeure partie du budget, il faut réduire des charges de l’État dont les caisses sont vides…
Pourtant en l’espace de quelques jours, des sommes colossales ont pu être miraculeusement trouvées dans ces caisses prétendument vides pour voler au secours des banques privées :
42 milliards d’euros injectés directement, sans véritable contrepartie et vraisemblablement à fonds perdus, auxquels il convient d’ajouter 360 milliards consentis en garantie par l’Etat, c'est-à-dire par nous tous !
Quid des dividendes distribués aux actionnaires ? 40,9 milliards d’euros en 2007 pour les groupes du CAC 40, 31 prévus en 2008 et couverts par le bouclier fiscal. C’est vrai que comparativement, avec ses 250 millions d’euros rétrocédés sur 2007, le bouclier fiscal lui, ne représente que…13 500 postes environ !
Quid de la dette publique que nous allons léguer aux générations futures, 70 ou 75% du PIB en 2011 ? Ils ne nous en parlent plus, ces néolibéraux qui fustigent sans trêve l’État-providence, ne jurent que par la « réforme de l’état » et occupent tout l’espace médiatique en chantant les vertus de la mondialisation et du marché autorégulé.
Ce sont les mêmes, ces sarkos-tartuffes qui, à court de liquide, viennent aujourd’hui taper la mère patrie !

Quand le ministre de l’EN se demande s'il est « vraiment logique que nous fassions passer des concours bac + 5 à des personnes dont la fonction va être essentiellement de faire faire des siestes à des enfants ou de leur changer les couches?"
Xavier Darcos, ministre de l'Education Nationale, est-il un provocateur ou simplement un incompétent ?
Incompétent : oui, il ne sait même pas qu’il faut être propre pour entrer à l’école.
Provocateur : je vous laisse juge… enseigner en petite section = « faire faire la sieste »
C’est lui qui en tient une couche !

Nous sommes tous d’accord, les méthodes sont infectes : arrogance, mépris, précipitation, attaques éparses, par la bande, …qui toutes convergent vers un même but : déstabiliser tout l’édifice de l’Education Nationale.
Alors, si l’objectif premier de la « réforme » est d’économiser sur le dos de l’école publique, nous sommes effectivement en droit de nous demander si son véritable mobile n’est pas fondamentalement idéologique. Ne s’agit-il pas d’un procès de privatisation de l’école publique : l’affaiblir, la vider de sa substance pour mieux la faire disparaître au nom de la « laïcité positive » et la brader au marché.


Cette contre-réforme est une véritable forfaiture démocratique à laquelle nous ne voulons pas collaborer.
Alors mes camarades, il nous faut rentrer en résistance ! Face à ce rouleau compresseur : organiser la défense citoyenne du service public d’éducation.
Nous ne saurions rien négocier, il faut rompre avec ce dogme de démantèlement.
Pour ne pas sacrifier l’école laïque sur l’autel de l’intégrisme néolibéral, il nous faut lutter, nous battre, tous ensemble, pour obtenir la démission du ministre de l’E.N.

Arrête de casser l’école de la République,
pour que vive l’Education Nationale :
Casse-toi toi-même !

« Darcos Démission !»

1 commentaire:

  1. Les réformes de Darcos sont idéologiques.
    Il suffit pour s’en convaincre de lire le livre « Main basse sur l’école » résumé sur http://culture.france2.fr/livres/essais/46682721-fr.php, ou la présentation plus développée sur http://www.main-basse-sur-ecole-publique.com/

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